
Usine Climeworks à Hellisheidi(Islande) ( AFP / HALLDOR KOLBEINS )
L'entreprise suisse Climeworks, pionnière du captage de CO2 dans l'air avec ses machines en Islande, a annoncé mercredi la suppression de 106 postes, soit plus d'un cinquième de ses effectifs, face aux incertitudes concernant les investissements dans les technologies vertes.
Des négociations pour établir un plan social sont actuellement en cours en Suisse, où 78 postes sont touchés, a-t-elle indiqué dans un bref communiqué.
L'entreprise zurichoise a invoqué la nécessité de s'adapter pour rester agile "après une phase de forte croissance".
La semaine passée, cette société, qui emploie 498 personnes au niveau mondial, avait fait savoir qu'elle comptait supprimer des emplois au vu des incertitudes macroéconomiques actuelles et des changements dans les priorités politiques qui se traduisent par une perte d'élan dans les investissements pour certaines technologies climatiques.
Elle avait également évoqué un manque de clarté concernant son projet aux Etats-Unis. L'an passé, Climeworks avait annoncé un nouveau projet pour construire une vaste usine en Louisiane.
Fondée en 2009 par deux doctorants de l'École polytechnique fédérale de Zurich, la startup a connu une croissance fulgurante depuis l'inauguration en 2021 d'une usine en Islande conçue pour retirer du dioxyde de carbone de l'atmosphère et l'enfouir sous terre en le cristallisant dans de la roche.
En 2022, le rapport du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) lui avait donné un coup de pouce supplémentaire. Ces experts du climat avaient alors changé d'avis sur le captage direct de CO2 dans l'air. Au vu du réchauffement climatique, ils ont estimé qu'il ne suffit plus de réduire les émissions mais qu'il faut aussi retirer du CO2 de l'atmosphère.
Climeworks avait décroché contrats sur contrats, auprès de grandes entreprises comme Microsoft, Lego, H&M, Swiss Re ou la compagnie aérienne Lufthansa, les quantités de CO2 stockées permettant de générer des crédits carbone qui sont vendus pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre.
Climeworks a ouvert une deuxième usine en Islande, plus puissante, en 2024.
Bien que considérée comme prometteuse, cette technologie ne fait pas l'unanimité. Les critiques portent notamment sur son coût mais aussi sur son efficacité.
Ses détracteurs craignent aussi que les crédits carbone qu'elle permet d'acheter soient perçus comme un "permis de polluer" et que son essor se fasse au détriment d'investissements dans des solutions plus à portée de main, comme les énergies renouvelables, l'électrification des transports ou l'isolation des logements.
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